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Mon 200 du mois d'avril : Poisson d'avril ? Quatrième partie


Depuis le pont situé au centre-ville de Château Thierry, on aperçoit Jean de La Fontaine qui regarde vers la Marne. Oeuvre du sculpteur Charles-René Laitié, cette statue est taillée dans un bloc de marbre offert par le roi Louis XVIII désireux d'honorer le poète. Elle fut inaugurée en 1822 à proximité de son emplacement actuel.

Mais le fabuliste devait avoir des fourmis dans les jambes car la statue fut voyageuse. Elle s'installa dans la cour de sa maison natale.
Elle revint ensuite en bord de Marne avant d'être restaurée en 2011 pour trouver sa place actuelle, sur un petit rond-point...
12, rue Jean De La Fontaine, on peut visiter le musée Jean De La Fontaine installé dans la maison où naquit le poète, c'était le 8 juillet 1621. A l'âge de 55 ans, en 1676, il fut contraint de la vendre car il avait quelques problèmes financiers et que sa carrière littéraire le retenait à Paris.
Je me souviens l'avoir visitée voici bien longtemps avec les enfants et que  nous en étions revenus chargés de feuilles volantes imprimées de fables. Ces papiers ont encombré des tiroirs de longues années avant de disparaître.
On peut en faire une visite virtuelle avant de s'y rendre "en vrai", très bientôt...

Je n'y retournerai pas aujourd'hui, j'ai encore de la route à faire, moi ! Mais avant de quitter Château-Thierry  il me revient en mémoire ce poème d'une autre poète, Lucienne Gaudé :

 Château-Thierry
En mon pays de l'Aisne, il est une cité
Blottie au fond d'un val où la Marne serpente...
Et grâce à ce cours d'eau, le décor s'agrémente
d'un ruban sinueux aux reflets argentés.

Pour en admirer mieux la réelle beauté
Sur le coteau voisin je m'installe à mi-pente...
Et la ville apparaît, coquette et transparente,
Plus belle que jamais sous le soleil d'été.

Voici l'arche du pont... Voici la Tour Balhan...
Les ruines du château, près du donjon branlant...
Et l'immense vaisseau de notre vieille église

Je ne me lasse pas de ce site enchanté,
De tant de majesté, mon âme s'est éprise...
Touriste, viens gouter ce charme incontesté !

Pour quitter cette cité, je vais suivre la rive droite de la Marne pendant quelques kilomètres.
Passant par Essômes sur Marne, je pourrais visiter son église abbatiale et ses stalles sculptées, faire un détour par une des dernières "RUE STALINE" de France et d'ailleurs, mais je préfère rechercher son lavoir et la fable "Le Loup, la Chèvre et le Chevreau". L'histoire est classique des contes qui voient le petit chevreau malin déjoué les plans du loup pas très finaud qui rêve de déguster un cuissot (et peut-être deux...) bien tendre.
 La morale est de bon sens :
Deux sûretés valent mieux qu'une,
Et le trop en cela ne fut jamais perdu.

Je continue sur la route de la vallée, celle-là même qui est suivie en sens inverse par le BRM 200 de l'ACP. Mais aujourd'hui, je ne croise pas de cyclo en route vers Mont Saint Père, Condé en Brie et Rebais avant de revenir à Noisiel, vent debout comme souvent. Pas de BRM en cette fichue année 2020 !
Je file vers Azy sur Marne -pas de fable au lavoir ici ?- puis Romeny -ici non plus ?- et c'est à Saulchery que je m'arrête pour la 24ème fable de mon périple et en ce pays de champagne, il y est question de raisin.


Le cerf et la vigne


(Livre V – Fable 15)


Un Cerf, à la faveur d'une Vigne fort haute
Et telle qu'on en voit en de certains climats,
S'étant mis à couvert, et sauvé du trépas,
Les Veneurs pour ce coup croyaient leurs Chiens en faute.
Ils les rappellent donc. Le Cerf hors de danger
Broute sa bienfaitrice ; ingratitude extrême ;
On l'entend, on retourne, on le fait déloger,

Il vient mourir en ce lieu même.

J'ai mérité, dit-il, ce juste châtiment :
Profitez-en, ingrats. Il tombe en ce moment.
La Meute en fait curée. Il lui fut inutile
De pleurer aux Veneurs à sa mort arrivés.
Vraie image de ceux qui profanent l'asile

Qui les a conservés.


Je dois avouer que pour ma part, je résiste difficilement à une poignée de cerises cueillies au bord de la route - Vais-je les manquer cette année ?-, à une pomme bien mûre, à une grappe de raisin qui pend entre les mailles d'un grillage, à une (grosse...) poignée de châtaignes ou de noix qui jonchent la bordure d'un petit bois. Mais là je ne profane rien, donc ce n'est pas la peine de lâcher les chiens...

Elle est bien triste cette fable et je préfère celle de Charly/Marne. Il y est à nouveau question du Renard qui cherche encore de la nourriture mais cette fois, il convoite de belles grappes de raisins.


Le renard et les raisins

(Livre III – Fable 11)

Certain Renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut  d'une treille
          Des raisins mûrs apparemment,
          Et couverts d'une peau vermeille.
Le Galand en eut fait volontiers un repas ;
     Mais comme il n'y pouvait point atteindre :
Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.
          Fit-il pas mieux que de se plaindre ?


Puisque j'en suis aux aveux... gourmands, il m'est arrivé d'avoir la même attitude que ce cher Renard.  Cette année, les cerises (j'y reviens...) seront certainement moins bonnes que l'an passé, ou sûrement que la  précédente ! En effet, elles furent abondantes en 2018 et exquises de surcroit ! Pas la peine d'aller en chercher cette année...


Ah ! les cerises dont je ne pourrai pas me "gaver" cette année à cause de ce CONfinement... 

Mais là, je commence à me faire du mal et je reprends donc le route pour ma prochaine étape "fabuleuse" à Villiers Saint Denis. Il me reste deux visites à faire et les fables mettent en scène des humains, il y en a peu. Elles parlent d'un défaut qui fut également traité par Molière, contemporain de La Fontaine. Il s'agit de l'avarice.
 Je quitte donc la vallée de la Marne par une grimpette qui n'est pas très difficile. Après quelques hectomètres, j'arrive à Villiers Saint Denis. Le poème que je trouve ici a pour titre "L'Enfouisseur et son Compère"

Un pince-maille avait tant amassé
Qu'il ne savait où loger sa finance.
L'avarice, compagne et soeur de l'ignorance,
Le rendait fort embarrassé (...) 

Notre avare se propose d'enterrer son trésor et pour cela se fait aider d'un Compère qui bien entendu le vole ! S'étant rendu compte du forfait, l'avare met en place un stratagème pour récupérer son bien et y réussit ! La morale est sauve :

Il n'est pas malaisé de tromper un trompeur.

Personnellement, je n'aurais pas été choqué que l'enfouisseur perdît son trésor...
 Mais il me faut continuer à grimper et la pente est un peu plus rude, un peu plus longue aussi. C'est un epu essoufflé que j'atteins la dernière étape de mon voyage au pays des fables : Bezu le Guéry. Hélas, plus de bistrot ici, aucun commerce non plus. De toute façon, il s serient confinés, alors...

"L'avare qui a perdu son trésor" est le dernier personnage de La Fontaine que je vais croiser. Personnage peu sympathique, en fait.

L'usage seulement fait la possession.
Je demande à ces gens de qui la passion
Est d'entasser toujours, mettre somme sur somme,

Quel avantage ils ont que n'ait pas un autre homme (...)


Notre homme, lui aussi, va enterrer son trésor qui bien entendu lui sera volé. Sans espoir de retour cette fois.


Il raconte sa mésaventure à un passant qui tire la morale, logique en somme, de cette histoire : 

Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent :
Mettez une pierre à la place,
Elle vous vaudra tout autant.


Je termine ainsi mon voyage au pays des fables par une illustration servant de support à une marque de chicorée. Quel est cet "incroyable vélocipédiste" recommandé par le fabricant de chicorée extra-pure ? 
Qui consomme encore aujourd'hui de la chicorée ? 
Enfant, il n'y avait que la chicorée Leroux chez moi qui, mélangée avec le café, donnait un breuvage consommé dans quantité de foyers. 



Je collectionnais les vignettes que je découpais sur les paquets de chicorée, j'en recupérais également chez les voisines. Quand le nombre était suffisant (des centaines !), je commandais des cadeaux. Je me souviens avoir ainsi reçu des timbres-poste. Voyez où me conduit ce voyage en Fabulie...
Mais, retour au vélo et je n'ai pas mon compte de kilomètres. Ce n'est pas parce qu'elle est virtuelle que  cette randonnée "Dodécaudax" ne doit pas compter les 200 bornes réglementaires !
Je vais donc faire un petit détour pour atteindre l'objectif.
Je reviens vers la Marne pour la traverser à Nanteuil/ Marne pour prendre la route de Bussières, la pente est raide ici aussi et les kilomètres commencent à peser dans mes jambes de confiné... Heureusement je redescends bientôt vers la vallée du Petit Morin, rivière que je traverse à Orly/ Morin pour remonter aussitôt vers Gibraltar (je n'invente rien, il existe bien ce hameau !) et je fonce vers Doue. Doue et sa célèbre Butte que j'escalade pour prendre une petite pause et déguster un petit en-cas assis sur un banc près de la vieille église.

"A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder les gens tant qu'y en a(...)"

Mistral gagnant - Renaud


Pauvre Renaud, il n'y a pas de gens et si j'en crois la presse, dans certaines villes, il n'y a même plus de bancs !


Coronavirus : Béziers retire tous les bancs publics parce qu'on "n'a aucune raison de flâner", assène le maire. France Info

Flâner est interdit. S'asseoir même 5 minutes avec toi, aussi. 

Quel monde nous préparent ces tristes sires ?

Profitons-en, ils n'ont pas encore gagné mais...Je continue vers Coulommiers. Il n'y a pas de gendarmes en vue. De toute façon, j'ai mon laissez-passer : j'ai coché la case "Droit de faire du vélo devant mon ordinateur"...  

[Si on m'avait dit il y a seulement deux mois qu'il me faudrait une "Attestation de déplacement dérogatoire" pour aller acheter ma baguette. Il y a même des maires (au moins un) qui obligent leurs administrés à en acheter plusieurs... Ils sont prêts, les tristes sires ! Restez chez vous, braves gens, ils s'occupent de tout. Je crains un réveil brutal, avec ou sans corona-machin.]

Heureusement, je peux appuyer plus fort sur les pédales de mon Fixie, cela me calme un... pneu. Me voici devant le château de Montanglost, chez... Jean de La Fontaine, ou presque. En effet ce château appartint au grand-père maternel de l'écrivain.

  Rien ne sert de courir... la boucle est bouclée. Encore 20 bornes et je rentre tranquillement à la maison. Et, promis-juré, dès que je serai "déconfiné" je reprendrai la route sur les traces de La Fontaine et d'autres. Il me reste tant de routes à ROULER ! et à Re-ROULER...

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