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Mon 200 du mois d'avril : Poisson d'avril ?

Ce matin au réveil, j'ai eu un doute, (I have a dream...) et si Macron venait à la radio, à la télé à 8H00 pour nous annoncer : "Eh ! les gars, et les filles, le coronamachin, c'est rien, juste un POISSON D'AVRIL ! Pouf... Pouf... " Et si Mr Xi disait la même chose à Pékin.. et The Donald, itou, à Washington et les autres : pareil ! Qu'est-ce qu'on se marre au G20 !  
Mais non... Rien... pas de poisson d'avril, cette année.
Bien sûr, par ces temps de confinement, il est impossible de sortir à vélo contrairement à l'Allemagne où,  "en revanche, l’usage de la bicyclette est recommandé par le ministre de la Santé, Jens Spahn (CDU). Der Spiegel décrit les avantages de cette activité en temps de pandémie : Article sur le site de Courrier international du 20 mars "
(Peut-être que cela a changé depuis...)
Malgré tout, j'ai décidé de réaliser aujourd'hui mon 200 du mois d'avril. Après mon 200 du mois de mars parcouru un vendredi 13, je pars donc sur les routes le... 1er avril. Et ceci malgré l'avertissement de  mon Canard enchainé reçu ce matin (Merci journalistes, merci imprimeurs, merci transporteurs, merci facteur !)
On peut retrouver ce numéro du 1er avril 2020 sur le site du Canard pour 1€ seulement
J'ai tracé un circuit sur les routes du Bas de l'Aisne à la rencontre de Monsieur de La Fontaine et de ses fables. 
Je n'ai jamais été un fan du natif de Château Thierry et je connais l'avis définitif que  Pierre Desproges émit à son encontre dans son "Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis".

A la lettre Y, il donne la définition suivante :
" Ysopet n. m., du latin ysopetus (ysopetae, ysopetam, ysopetorum). Nom donné, au Moyen Age, à des fables ou recueils de fables imitées ou non d'Ésope : les ysopets d'Anne de Beaugency, de Charles de Brabant, de Zézette d'Orléans sont parmi les plus célèbres. Avec cet effroyable cynisme d'emperruqué mondain qui le caractérise, La Fontaine n'hésita pas à puiser largement dans les ysopets des autres pour les parodier grossièrement et les signer de son nom. Grâce à quoi, de nos jours encore, ce cuistre indélicat passe encore pour un authentique poète, voire pour un fin moraliste, alors qu'il ne fut qu'un pilleur d'idées sans scrupule, doublé d'un courtisan lèche-cul craquant des vertèbres et lumbagoté de partout à force de serviles courbettes et honteux léchages d'escarpins dans les boudoirs archiducaux où sa veulerie plate lui assura le gîte, le couvert et la baisouillette jusqu'à ce jour de 1695 où, sur un lit d'hôpital, le rat, la belette et le petit lapin lui broutèrent les nougats jusqu'à ce que mort s'ensuive, ce qui prouve qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi. Essayez de vous brouter vous-même les nougats, vous verrez que j'ai raison."
Etant un grand amateur de l'oeuvre desprogienne, j'aurais pu être vacciné à tout jamais contre  la poésie de La Fontaine. Pourtant il n'en est rien. 
 
J'ai redécouvert l'oeuvre du fabuliste en particulier grâce à ce petit livre paru l'an passé.

Petit livre édité par la maison d'éditions "Cours Toujours" (http://courstoujours-editions.com/) installée dans le petit village d'Epaux Bezu, Aisne.
Petite encyclopédie "intelligente" qui permet de mieux connaître le maître des Eaux et forêts de Château Thierry.
L'autre raison qui me fait suivre la trace du fabuliste est le nombre de lavoirs décorés en hommage aux fables dans cette région de Picardie.
Combien de fois ai-je croisé ce panneau, je l'ai même souvent photographié.

Au début des années 2000, un circuit des lavoirs fut donc élaboré dans la région de Château Thierry. Des artistes illustrèrent des fables dans des lavoirs généralement : peintures, sculptures, installations fleurirent dans la région (certaines oeuvres étaient plus anciennes me semble-t-il, et avaient été réalisées dans les années 1980).
J'ai donc tracé un circuit comme une dentelle sur des routes que j'aime énormément : le Bas de L'Aisne est reprisé. Je devrais passer près de 27 lavoirs et lire donc 27 fables, ce qui étant donné l'oeuvre prolifique de la Fontaine n'est pas grand chose : il en produisit 240 en 3 recueils composés chacun de plusieurs livres. Le premier recueil fut publié en 1668 et l'auteur le dédiait au Dauphin, fils aîné de Louis XIV alors âgé de 6 ans (Le courtisan vilipendé par Desproges n'est jamais loin.)
Mais il me faut prendre la route. Les jours sont plus longs et je peux rouler sans éclairage mais il faudra quand même rentrer avant la nuit. Je choisis mon Fixie pour partir. Je n'ai encore jamais parcouru une telle distance sur mon vélo à pignon fixe, et en ce 1er avril l'occasion fait le larron ! Un vent frais du nord-est m'oblige à pédaler fort pour avancer rapidement mais surtout pour me réchauffer. J'aurais peut-être dû enfiler une petite laine supplémentaire.
J'arrive assez rapidement dans le département de l'Aisne par le village de Coucermont. Sous ce grand soleil, la descente vers la vallée est magnifique.


C'est ici que j'avais fêté avec l'ami Pascal mon 200 000ème kilomètre à vélo en 2009, déjà. Dans quelques mois, j'espère bien copieusement arroser mon 400 000ème km...
Santé !
Illustration Wikipédia
Et me voici à La Celle sous Montmirail, première étape de mon circuit FABULEUX. Au lavoir près du Petit Morin, est illustrée ma première fable du jour:
Le lion malade et le renard
            De par le Roi des Animaux,

            Qui dans son antre était malade,

            Fut fait savoir à ses Vassaux

            Que chaque espèce en ambassade

            Envoyât gens le visiter.

Lion du lavoir de La Celle
Bien entendu, un renard remarque quelque chose de bizarre. Lui ne rendra pas visite au lion :

            (...)mais dans cet antre
            Je vois fort bien comme l'on entre,
            Et ne vois pas comme on en sort.


La fable est "un apologue,  c'est à dire un récit qui a pour fonction d'illustrer une leçon de morale"  (Tout sur La Fontaine, Martine Pichard - 156 / ED. Cours toujours). C'est donc une histoire PLUS une moralité qui peut être explicite, nous en verrons, ou non. Dans ce dernier cas, c'est à chacun d'en tirer sa propre vérité.
Dans sa dédicace au Dauphin, La Fontaine indique : "L'apparence en est puérile, je le confesse, mais ces puérilités servent d'enveloppe à des vérités importantes."
Les fables furent ainsi longtemps considérées comme des textes pour enfants. Je me souviens d'un recueil de "Fables choisies" qu'enfant je lisais et relisais, admirant surtout les grandes belles gravures en couleur, une par fable, et je ne suis pas certain que dans cette édition les textes n'aient pas été réécrits pour être plus compréhensibles à des enfants des années 1960. Ce livre finit en charpie à force d'être manipulé, il avait dû servir à ma soeur avant moi.
Je remonte sur mon vélo et commence l'ascension de la première difficulté du jour, la côte qui va de La Celle à Vendières. Elle est rude dans sa première partie puis l'on domine en un long faux plat la vallée avant de descendre quelque peu vers ce nouveau village.
Vendières a été peint par Etienne Bellan qui fut dans les années 1950-60 l'instituteur de cette commune en compagnie de son épouse. L'école se trouve à gauche juste là où le tableau se termine, le lavoir est tout à côté. 
Petit garçon en Bretagne, je me souviens qu'il venait y peindre et mon petit village de Saint Cado était un de ses paysages favoris. A l'époque, il y avait peu de touristes et pour nous, lui, c'était le peintre. 
Etienne Bellan - AUTOPORTRAIT (On ne disait pas encore "Selfie"...)
 Des années plus tard, installé en Brie, je fis sa connaissance lors d'une exposition qu'il présentait à l'hôtel Moderne tenu par les frères Guibert à Saint Cyr sur Morin, endroit devenu depuis le musée des Pays de Seine et Marne. Il me confia qu'il aurait pu peindre mon petit village les yeux fermés tellement il produisit de tableaux le représentant. Je ne lui ai pas demandé de relever le défi car je suis certain qu'il disait vrai !

Ici, c'est la fable "Le Lion et le Moucheron" qui nous attend. L'auteur aurait pu ajouter au titre une araignée. 
Le lion, puissant personnage provoque le moucheron qui réussit malgré sa taille à le vaincre mais l'insecte se trouve par la suite pris dans une toile d'araignée :
(...)Quelle chose par là nous peut être enseignée ?
J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis
Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;
L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire,
            Qui périt pour la moindre affaire.

Inspirée d'une fable d'Esope, comme beaucoup de ses fables, on pourrait penser comme Pierre Desproges que la Fontaine n'était qu'un ignoble plagiaire.
 Mais " Non, sans hésitation. Du temps du fabuliste, il était tout à fait naturel de s'inspirer des grands auteurs des siècles précédents, et lui-même n'a jamais cherché à s'en cacher(...) (Tout sur La Fontaine, Martine Pichard - 34)
Arrivé à L'Epine au Bois, près de l'église en ruine et de la mairie, de l'autre côté de la rue je découvre ma troisième fable : 
La Mouche et la fourmi.
Le texte de chaque fable était présenté ainsi qu'une légende de l'illustration. J'écris "était" car avec le temps, tout cela s'est considérablement détérioré. A  tel point que dans un ancien billet je crois me souvenir avoir évoqué des friches artistiques (comme on parle de friche industrielles ou de friches urbaines) à propos de certains lavoirs quand d'autres ont mieux résisté à l'épreuve du temps.

Nous retrouverons à la prochaine étape la "fourmi laborieuse" qui pour le moment s'en prend déjà à la mouche :
             Je n'irai, par monts ni par vaux,
            M'exposer au vent, à la pluie ;
            Je vivrai sans mélancolie.
Le soin que j'aurai pris, de soin m'exemptera.
            Je vous enseignerai par là
Ce que c'est qu'une fausse ou véritable gloire.
Adieu, je perds le temps : laissez-moi travailler;
        Ni mon grenier, ni mon armoire,
            Ne se remplit à babiller."


Car en effet, quelques hectomètres plus loin voici le hit de la Fontaine ! Fable 1 du livre 1, il aurait presque pu s'arrêter là !
 La Cigale et la Fourmi
La Cigale, ayant chanté
                  Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'août , foi d'animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n'est pas prêteuse ;
C'est là son moindre défaut .
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse .
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
Vous chantiez ? j'en suis fort aise :
Et bien ! dansez maintenant.
Combien de petits Français ont sué sang et eau pour essayer d'apprendre par coeur ce morceau d'anthologie ? Combien de mamans, de papas, se sont arraché les cheveux face à ces quelques vers qui ne voulaient pas, décidément, rentrer dans la petite caboche de leur progéniture ? Combien de fourmis ont été méchamment écrasées à cause de La Fontaine ?
Pourtant contrairement à ce que l'on pourrait croire, La Fontaine n'était un bon professeur de sciences nat'. On peut même penser qu'il s'en fichait royalement, préférant affubler ses personnages de qualités morales, ou immorales... tout à fait humaines.
Mais je reprends la route pour me rendre à Marchais en Brie.

Quittant l'ancienne Nationale 33, route de Paris à Chalons sur Marne (qui depuis a changé de nom), j'aperçois le village qui ne dois rien à Georges Marchais, ancien secrétaire national du Parti communiste français du temps du Programme commun de la gauche, un autre monde...
Sur la route qui mène à  la vallée du Grand Morin, se trouve le lavoir où une nouvelle fable est dédiée au roi des animaux :
Le lion, le loup et le renard
Un Lion décrépit, goutteux, n'en pouvant plus,
Voulait qu'on trouvât remède à sa vieillesse
Le lion fait venir quantité de médecins parmi lesquels le Loup qui "daube" le Renard lequel pour se venger recommande au Lion de se faire un vêtement de la peau du Loup pour réchauffer son vieux corps. Ce qui fut fait !
La morale ici s'adresse directement aux courtisans : 
Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire :
Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire.

On aura reconnu dans ce Lion le Roi-Soleil. 
Courtisan lui-même, La Fontaine dédia chacun de ses recueils de fables à des personnes de l'entourage de Louis le Quatorzième au Dauphin, comme nous l'avons vu pour le premier, à Madame de Montespan pour le deuxième et au duc de Bourgogne fils du Grand Dauphin pour le troisième. Il valait mieux caresser le pouvoir monarchique dans le sens du poil car en ce temps-là, le roi avait pouvoir d'autoriser ou d'interdire la parution d'un écrit. Pourtant l'écrivain ne manqua pas de critiquer les courtisans, comme dans cette fable, à mots à peine voilés.
Pour l'étape suivante, le parcours est un peu plus long et je dois traverser à nouveau Marchais pour prendre la direction d'Artonges, passant à proximité de la colonne commémorant la campagne de France de Napoléon 1er en février 1814. La bataille de Marchais fit d'ailleurs l'objet d'une reconstitution voici quelques années.
A Artonges, je n'ai pas droit à pareil accueil, aujourd'hui, même un premier avril, c'est confinement. Et je m'en vais découvrir une fable qui fait apparaître un animal rare chez La Fontaine (Qui a dit : "Le pangolin ?" ). Il s'agit du hérisson personnage de la fable :
Le renard, les mouches et le hérisson
Un renard blessé  se fait littéralement  dévorer par une nuée de mouches. Gentiment le hérisson lui propose de l'en débarrasser. Mais le Renard refuse.

Laisse-les, je te prie, achever leur repas.
Ces animaux sont soûls ; une troupe nouvelle

Viendrait fondre sur moi, plus âpre et plus cruelle.
   Nous ne trouvons que trop de mangeurs ici-bas :
   Ceux-ci sont courtisans, ceux-là sont magistrats.


Encore une pique envers les courtisans...


Je continue ensuite mon chemin vers Pargny la Dhuys empruntant la petite route à droite après l'église espérant apercevoir les lamas qui paissaient là voici quelques année. Pas de lamas dans les fables ?
Le clocher de Pargny la Dhuys apparaît. Tout près, au bord de la Dhuys qui a donné son nom à l'aqueduc qui alimente en eau une partie de la région parisienne, je découvre une nouvelle fable : Le Fermier, le Chien et le Renard
Renard se désole de ne pouvoir entrer dans un poulailler si bien pourvu en volailles grasses et dodues mais "le fermier laissant ouvert son poulailler, commit une sottise extrême" dont profita ce vieux Renard...
Le Fermier fit reproche au chien de n'avoir pas bien fait son travail.
"Si vous, Maître et Fermier, à qui touche le fait,
Dormez sans avoir soin que la porte soit close,
Voulez-vous que moi Chien qui n'ai rien à la chose,
Sans aucun intérêt je perde le repos ?"

Bien sûr le chien fut puni. Pourtant la morale blâme le Fermier :  
T'attendre aux yeux d'autrui quand tu dors, c'est erreur.

Il me faut maintenant  quitter la vallée de la Dhuys pour gagner ce village qui porte bien son nom : MONTLEVON et la côte est rude pour y arriver. Nous y allons rencontrer deux animaux familiers :  
L'Ane et le Chien.
Leur maître s'étant endormi, le Chien demanda à l'âne de l'aider à prendre sa pitance dans le panier du dormeur mais l'âne fit la sourde oreille occupé qu'il était à se goinfrer d'herbe fraîche. Quand le loup arriva pour dévorer l'âne, le chien ne répondit pas à ses appels à l'aide. Ici, le morale est répétée deux fois, au début et à la fin: Il se faut entraider, c'est la loi de la nature. Vaste programme, n'est-ce pas ?

Je redescends vers la Dhuys à nouveau, ce n'est pas si facile que cela avec ma roue arrière à pignon fixe, heureusement j'ai des freins. Presque tout de suite, il me faut remonter après avoir traversé la voie de chemin de fer qui va de Montmirail à Mézy Moulins par les vallées de la Dhuys puis du Surmelin. J'ai consacré voici quelques temps un billet à cette voie encore partiellement en activité.
Une nouvelle fois, la montée est rude mais la vue est si belle sur ces terres entre Brie et Champagne que Jean de La Fontaine parcouru sans doute lorsqu'il occupait la charge de maître des Eaux et forêts.
Tout sur La Fontaine, Martine Pichard - 156 / ED. Cours toujours
Chevauchant mon Fixie Bianchi, je m'imagine croisant dans cette rude grimpette un cavalier rentrant chez lui à Château Thierry après avoir réglé  quelque affaire courante.

Affaire qui aurait pu le mener en ce petit château de Picheny. Cela aurait pu donner une fable intitulée : Le cycliste et le cavalier.
J'arrive à ma prochaine étape, à ma prochaine fable, au village perché de :
La fable Le loup et le chien est ici illustrée dans un cadre magnifique et j'avoue aimer y faire halte.
La vue y est superbe dominant les vallées de la Dhuys et du Surmelin. C'est sans doute la plus belle réussite de ce projet "Fabulis" aujourd'hui abandonné.
Un Loup n'avait que les os et la peau ; 
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
 
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.

Le loup sympathise avec le chien qui se met à lui vanter les avantages de sa condition. Il arrive presqu'à le convaincre de le rejoindre :
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.



Mais

Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé : 
Qu'est-ce là  ? lui dit-il.  Rien.  Quoi ? rien ?
 Peu de chose.
Mais encor ?  Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas      
Où vous voulez ?  Pas toujours, mais qu'importe ?


Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Cette fable est presque une ode à l'Anarchie qui vante la Liberté et l'Indépendance. 
Jean-Jacques Rousseau, un autre détracteur de La Fontaine ne s'y trompa pas. Dans "l'Emile", il régla son compte à cette fable :
 "Je n'oublierai jamais d'avoir vu beaucoup pleurer une petite fille qu'on avait désolée avec cette fable.
[...] La pauvre enfant s'ennuyait d'être à la chaîne : elle se sentait le cou pelé ; elle pleurait de n'être pas loup." 
Pour ma part, je vais interrompre le récit de cette balade cycliste car une telle randonnée, même virtuelle, tout le monde l'aura compris, est épuisante.  Plus encore qu'un vrai 200, sur un vrai vélo, dans de vrais paysages même si j'ai éprouvé beaucoup de plaisirs à redécouvrir des images et des textes, des odeurs et des sons
Mais la promenade n'est pas terminée, j'ai visité aujourd'hui seulement 9 fables, il m'en reste encore 2 fois 9, soit deux billets à mettre en forme sur ce blog... 
La suite au prochain numéro !

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