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Hommage à Laurent Fignon

C'était le 10 octobre 1982, avec mon père, nous regardions à la télévision la course Blois - Chaville (qui remplaça quelques années durant la Classique Paris - Tours). Il y avait ce coureur inconnu pour nous qui était échappé, seul, il avait fière allure, la victoire lui semblait promise. Et puis patatras ! Nous l'avons vu assis sur la route, axe de pédalier brisé, rêve de victoire envolé... Pour une fois nous étions d'accord avec mon père : quel beau coureur que ce Laurent Fignon ! 
D'habitude nous avions du mal à accorder nos violons : j'étais un fan de Merckx, il préférait Ocana ou Poulidor ou Thévenet. Il adorait Hinault, j'aimais bien Zoetemelk... 
C'est la dernière course que j'ai suivie à côté de mon papa.
En fait, j'avais fait connaissance avec ce coureur à lunettes dans le numéro d'avril-mai du Miroir du cyclisme. Pour son arrivée chez les pros, Fignon avait remporté le Critérium international, course en 3 étapes au plateau fort relevé.
Jacques Augendre qui signait l'article ne s'y trompait pas :

Laurent Fignon fut le premier coureur de ma génération à remporter le Tour de France. J'aurais pu le cotoyer dans les pelotons, lui devant et moi derrière... 
Sans nostalgie, j'ai décidé de rendre hommage au champion francilien en cette fin d'année 2021. 
Alors je me suis replongé dans ma collection de Miroir du cyclisme pour rechercher entre autre les posters qui pourraient servir à ma nouvelle "Petite expo". J'ai lu la biographie que Laurent Fignon publia en 2009 : "Nous étions jeunes et insouciants". J'ai regardé le téléfilm "La dernière échappée". 
Et j'ai fait une randonnée sur les routes d'entrainements du coureur francilien car en effet Fignon passa son enfance et son adolescence à Tournan en Brie. 
Le lundi 22 novembre, je me suis donc lancé sur les traces du champion.
"Je ne me souviens pas des trois premières années de ma vie à Paris, rue Davy, dans le XVIIe arrondissement. Dès 1963, mes parents déménagèrent à Tournan en Brie. Nous vivions à 35 kilomètres à l'est de la capitale, au coeur de ce qu'on nomme aujourd'hui pudiquement la "grande banlieue". Mais il faut se reporter à l'époque et aux années soixante : la Seine-et-Marne, c'était la campagne. Vraiment la campagne(...)"
Nous étions jeunes et insouciants - P.42
Après 50 kilomètres me voici arrivé et c'est toujours la campagne malgré tous les lotissements et autres zones logistiques qui se sont implantés. Le temps est frais mais j'ai profité d'une bonne bise dans le dos. Je pars à la découverte de cette petite ville où je suis rarement passé à vélo, c'est un peu trop près de la capitale à mon goût. Pourtant ce matin, à ma grande surprise, il y avait peu de circulation : pourvu que  ça dure...
J'arrive tout d'abord sur cette petite place que j'avais repéré en préparant ma rando (merci Streetview !).
En 2013, trois ans après sa mort, la ville de Tournan en Brie rendit hommage à son champion en baptisant cette petite place de son nom.
Je choisis de faire ma pause casse-croûte ici et de faire un peu de tourisme.
Entre la mairie, le monument aux morts et l'église se trouve une école où le petit Laurent fut peut-être scolarisé.
Miroir du cyclisme N° 345 - décembre1983
Mais il y a sans doute d'autres écoles dans la commune.
Par contre c'est certainement ici que le futur cycliste fit sa première communion.
Miroir du cyclisme N° 345 - décembre1983

Ces photos me rappellent étrangement celles que ma maman conservait dans une boîte métallique, photos que notre génération des enfants des "Trente glorieuses" a en souvenir...
L'église Saint Denis de Tournan a été reconstruite suite à sa destruction durant la Seconde guerre mondiale lors du bombardement du 22 juin 1944.


Le martyr du premier évêque de Paris est évoqué sous le porche de l'église par cette sculpture de facture contemporaine.

Le petit Laurent quant à lui avait la tête bien sur les épaules. Bon élève bien qu'indiscipliné, sportif bien que mauvais joueur, il ne découvrit le cyclisme qu'en 1975.
"Jusqu'à ce jour, jamais je n'avais songé à monter sérieusement sur un vélo. Je ne saurais en donner la raison. Toujours est-il que, à la cave, le vieux biclou de mon père, de marque Vigneron, n'attendait que moi. Il me l'a méticuleusement remis en état. Et j'ai eu de la chance : c'était un vélo hyper léger, avec des haubans fins et des fourches élégantes pour l'époque. J'ai aimé cette machine un peu ringarde, qui ne manquait pas d'allure et me conférait un statut particulier. Certains se moquaient de moi (...) 
La première fois que j'ai roulé avec les potes, ce fut presque une révélation. Non seulement j'ai aimé ça quasi immédiatement, mais, dès le début, à ma grande surprise et à la stupéfaction générale, j'ai réussi à suivre le rythme des autres."
Nous étions jeunes et insouciants - P.46
J'imagine fort bien le petit Fignon et ses potes se tirant la bourre sur les routes de la forêt de Ferrières.

Sprintant comme des dératés à chaque entrée de village : "On fait la pancarte ?"
J'ai connu ça moi aussi en d'autre région... mais à la même époque.

Traversant les villages nez dans le guidon. Le coeur léger. Un sentiment de liberté au fond de l'âme.

En 1976, il franchit le pas.
"Pourquoi ne prendrais-tu pas une licence ?" a fini par me demander Rosario. Lui, il créchait dans le village voisin, à Gretz, et il arborait déjà le maillot vert et blanc du club "La Pédale combs-la-villaise". J'ai dit oui."
Nous étions jeunes et insouciants - P.47

Laurent Fignon remporta la première course à laquelle il participa à Vigneux sur Seine devant une soixantaine de cadets. On connait la suite... 
Miroir du cyclisme N° 335 -  juin 1983
Douze ans d'une carrière professionnelle, de 1982 à 1993, une carrière "avec des grandes joies, des grands bonheurs et des pépins comme il est normal (...)" ainsi que le dit lui même Laurent Fignon dans le Miroir du cyclisme N° 471 d'octobre 1993 au moment de prendre sa retraite sportive.
Miroir du cyclisme N° 471 - Octobre 1993

Entre ces deux Unes, 12 ans de cyclisme où Fignon fut souvent sur le haut du pavé : 37 fois à la une du magazine,  Miroir du cyclisme publia 13 posters à son effigie. Et bien sûr un des plus beaux palmarès du cyclisme mondial.

Mais moi, le retraité cyclotouriste photographe, je dois rentrer, empruntant entre Tournan en Brie et la vallée du Grand Morin des routes sur lesquelles je passe rarement.

Par Villiers saint Denis, je gagne Crécy la Chapelle.

Ici je retrouve la rivière qui passe à quelques mètres de la maison.

Mais il me reste encore du chemin. Tranquillement, je vais suivre le fil de l'eau et grimper quelques bosses de la vallée du Grand Morin à celle de l'Aubetin.

Et c'est la nuit tombant, je roule moins vite que Fignon... après 142 kilomètres que je regagne mon chez-moi, content de cette belle randonnée que m'a offerte ce grand champion.

A suivre : MA PETITE EXPO - Hommage à Laurent FIGNON

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