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Ma petite expo : Des Français.es en ARC-EN-CIEL

Après avoir décroché ma petite expo consacrée aux cartes du Tour de France (Billet à venir...), le sujet de cette nouvelle expo était tout trouvé après la victoire de Julian Alaphilippe sur le circuit d'Imola le dimanche 27 septembre.

Je me suis donc plongé dans mes archives pour retrouver trace des victoires françaises aux championnats du monde de cyclisme sur route. En ce qui concerne les professionnels, il y a 9 Français au palmarès depuis la première édition en 1927 (victoire de l'Italien Alfredo Binda) et ils sont tous là dans ma nouvelle petite expo. Mais pas que... 

Je l'ai en effet complétée par les Françaises qui courent également un championnat du monde féminin depuis 1958 (victoire de la Luxembourgeoise Elsy Jacobs). Et puis comme il me restait un peu de place, j'ai terminé par quelques surprises.

Les documents que j'ai choisis  sont essentiellement des posters du Miroir du cyclisme. Ce ne fut pas bien difficile, ma revue préférée ayant publié dans son numéro 423 d'août 1989, les posters des 6 premiers vainqueurs français des championnats du monde pro. J'avais donc déjà 3 posters recto-verso en ma possession et comme j'en avais deux en double, je pouvais déjà affiché 5 champions en grand format ! 

Pour rédiger ce billet, je me suis fortement inspiré du Hors-série que Miroir du cyclisme consacra aux "Conquérants de l'arc-en-ciel" en 1989 également.

En 1933, Georges Speicher, premier français champion du monde de cyclisme pro, fut également le premier coureur à réaliser le doublé Tour de France - Championnat du monde. Pourtant cela n'allait pas de soi, Speicher, vainqueur du Tour en juillet 1933, n'était en effet pas sélectionné pour le championnat du monde qui se déroulait à Monthléry le 14 août.

"Mais où est donc passé Georges Speicher ? Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le vainqueur du Tour de France1933 a disparu de la circulation. Il est quelque part dans Paris, sa ville. Comme on connaît le goût pour la fête de ce dandy, élégant à la ville et gouailleur dans le peloton, on se doute bien qu'il ne s'est pas cloitré.

D'ailleurs, il ne doit même pas participer au championnat du monde sur route. Pour la course qui doit se disputer sur l'autodrome de Linas-Monthléry, on lui a préféré Antonin Magne et Roger Lapébie, respectivement premier et deuxième du championnat de France, mais aussi Paul Chocque. Lorsque celui-ci tombe subitement malade, on se lance à la recherche de Georges Speicher, de restaurants en bals-musettes. On le retrouve finalement dans un établissement de Ménilmontant, fort tard le samedi soir (la course a lieu le lundi). On connaît la suite, et son échappée victorieuse. (...)" 

Les conquérants de l'arc-en-ciel - Miroir du Cyclisme Hors série

Alors, Speicher décida de faire la course, dès le début : "Bah! Je vais faire ma petite course et je vais surtout essayer de donner un coup de main aux camarades." confie-t-il au journaliste du Miroir des sports Raymond Huttier.

Et à la fin du premier tour (la course comptait 20 tours de 12,5km), Speicher passait seul suivi de Lapébie et Van der Ruyt avec lesquels il roulait pendant quelques tours avant d'être rejoints puis au dixième tour, il s'en allait seul vers la victoire ! Antonin Magne se lança à la poursuite de son équipier mais ne parvint jamais à combler l'écart et finit deuxième à 5 minutes. Deux Français sur le podium, pas mal !

En 1936, Antonin Magne prit sa revanche sur le circuit automobile de Bremgarten, près de Berne en Suisse.
Parti tôt en échappée avec le Belge Deloor et le Danois Hansen. Ses compagnons de route furent retardés par des crevaisons et le Français termina seul avec plus de 9 minutes d'avance sur le deuxième Aldo Bini.

Ce championnat du monde fut d'ailleurs marqué par un nombre incroyable de crevaisons, ce qui fit dire à Antonin Magne après l'arrivée : " Vous semblez oublier , messieurs, qu'un coureur en condition et précautionneux crève moins souvent que le autres !"

Il fallut ensuite attendre près de 20 ans pour voir à nouveau un coureur Français revêtir le maillot arc-en-ciel. Quand il prit le départ de ce championnat du monde pluvieux à Solingen en Allemagne, Louison Bobet avait déjà deux Tour de France à son palmarès (entre autres...). Echappé avec le Suisse Schaer dans ce dernier tour de circuit, Bobet crèva à 10 kilomètres de l'arrivée. Le destin semblait contraire une fois de plus, ce maudit Suisse, quelques dizaines de mètres devant, semblait narguer le Breton qui ne refaisait pas son retard. Pourtant, Schaer ne résista pas et Bobet franchit la ligne d'arrivée seul.

En 1955, Louison Bobet fut le premier coureur à remporter 3 Tour de France d'affilée.

En 1959, André Darrigade, le sprinter, devenait champion du monde  à Zandvort aux Pays Bas après une échappée de plus de 200 kilomètres. Echappée à 6 d'abord, puis à 10 ensuite, Darrigade resta toujours à portée des favoris belges Van Steenbergen et Van Looy, l'avance des échappés n'excédant que rarement la minute. Cela suffit au bonheur de Darrigade qui battit au sprint l'Italien Gismondi. Troisième de la course à l'arc-en-ciel en 1957 et 1958, le coureur du sud-ouest tenait enfin sa revanche !

Le poster de Darrigade se trouvr au dos de celui de Bobet et ne possédant qu'un exemplaire de celui-ci, il m'a fallu trouver un autre document illustrant la victoire de Darrigade. J'ai choisi la une de Miroir sprint N° 689 du 17 août 1959.

En prime, j'ai même pu afficher le champion du monde 1959 sur le podium.

En 1962, c'est un spécialiste des championnats qui remporta le titre de champion du monde à Salo en Italie. En effet, Jean Stablinski en plus de ce titre fut 4 fois champion de France en 1960, 1962, 1963 & 1964, plus un titre de champion de France militaire.
Echappé avec Elliott, Wolfshohl et Hovenaers, Syablinski préféra se débarrasser de ceux-ci à un tour et demi de l'arrivée pour un long raide solitaire qui devait le combler de joie. Son équipier et ami Elliott prenait la deuxième place. Le nordiste signait ici l'une de ses plus belles victoires, la victoire d'un homme qui savait "lire" la course et que son équipier Jacques Anquetil surnommait, paraît-il, Maître Stab.

Un champion du monde croqué par Pellos (dessin trouvé par hasard au gré de mes recherches - Miroir du cyclisme d'octobre 1962), je ne pouvais le manquer. Il nécessite une petite explication me semble-t-il. 1962 est l'année du retour des équipes de marques dans le Tour de France. Exit les équipes nationales et régionales. Depuis quelques années déjà, les sponsors des équipes cyclistes qui étaient jusque là des marques de cycles sont des marques commerciales, dites extra-sportives. On voit ainsi apparaître des marques d'électro-ménager, de chicorée, de vin rouge, d'apéritif... sur les maillots des coureurs. Bien sûr, il ne s'agit pas de philanthropie et la plus grande course du monde ne pouvait résister longtemps à l'appel de la publicité. Miroir du cyclisme (et Miroir sprint) batailla jusque dans les années 1970-80 pour un retour des équipes nationales qui revinrent en 1967 et 1968 et puis s'en sont allées.

Le modèle économique des marques extra-sportives est toujours le modèle des équipes cyclistes aujourd'hui. Mais curieusement depuis quelques années, on voit éclore des équipes "nationales" dans le peloton. Ainsi le dernier vainqueur du Tour de France, le Slovène Pogacar, court-il pour l' équipe UAE (Emirats Arabes Unis). Il y a aussi les équipes Barhein Mac Laren, Israel Start-up nation. L'équipe Astana est sponsorisée par le gouvernement du Kazakhstan. Alors, bientôt un Tour de France par équipes nationales ?


Mais revenons aux championnats du monde, toujours courus par équipes nationales... Il fallut attendre 18 ans pour voir un Français sur la plus haute marche du podium. Sur le circuit montagnard de Sallanches, en 1980, Bernard Hinault remporta une de ses plus belles victoires.

Après avoir abandonné le Tour de France à cause d'un genou blessé en juillet, il élimina ses adversaires un à un pour remporter le maillot Arc-en-ciel et remettre les pendules à l'heure.

En 1994, Miroir du cyclisme cesse de paraître et je n'ai pas de poster de Luc Leblanc qui devient champion du monde  en Sicile devant l'Italien Claudio Chiappucci et Richard Virenque. Ce fut sans doute la plus belle victoire du champion limousin.

Laurent Brochard parachève une magnifique année 1997 pour le cyclisme français. Virenque et Jalabert (qui fut champion du monde conre-la-montre cette même année) font vibrer les foules. A San Sebastian, il devient le huitième champion du monde cycliste professionnel français. 

Et puis, en 1998, l'affaire Festina vint remettre en cause l'avenir rose du cyclisme tricolore... et il fallut attendre 23 ans pour voir Julian Alaphilippe offrir à la France un nouveau maillot arc-en-ciel.

Pour compléter cette petite expo, je me suis intéressé aux championnats du monde féminin sur route. 9 titres de champion du monde pour les Françaises, les Françaises ont fait mieux. Si elles sont seulement 5 Françaises à avoir remporté le titre mondial, elles ont ramené 10 maillots de championne du monde depuis 1958.

La première championne du monde française fut Geneviève Gambillon qui vainquit en 1972 à Gap et récidiva en 1974 à Montréal ( elle fut également deuxième en 1975). Mais en 1972, Geneviève Gambillon n'était pas une inconnue car elle avait déjà à son palmarès de nombreux titres de championne de France sur route et sur piste. Dès 1969, Roger Baumann, le grand cyclosportif de Créteil et collaborateur du Miroir du cyclisme évoquait la championne normande dans sa "Tribune du Débutant" (N° 114 de mai 1969) :

Roger Baumann raconte Geneviève Gambillon

Après son titre de 1972, c'est François Terbeen qui va interviewer aux abords de l'hippodrome de Longchamp, lieu de rendez-vous des cyclistes et cyclotouristes parisiens :
Miroir du cyclisme N° 161- Septembre 1972- P. 12 - Interview de Geneviève Gambillon

Miroir du Cyclisme N°161 - Septembre 1975 - P. 13 - Interview de Geneviève Gambillon 

Malheureusement mon beau Miroir ne publia pas de poster de la championne, je dois donc me contenter de la quatrième de couverture de ce numéro 161 de la revue pour ma petite expo. C'est un poster de Yves Hézard qui ornait les pages centrales du Miroir.

Après sa carrière sportive Geneviève Gambillon quitta la région parisienne pour revenir vivre dans sa Normandie natale.

Championne du monde 1977, Josiane Bost eut plus de chance car elle fut la première femme à apparaître en poster dans le Miroir.
Victorieuse à San Cristobal au Vénézuela après une échappée solitaire d'une vingtaine de kilomètres, elle devançait la deuxième Connie Carpenter de près de 2  minutes sur la ligne d'arrivée. Si la petite Bourguignonne compte plusieurs centaines de victoires à son palmarès, ce titre reste la plus belle.

En décembre 1977, elle est "Face au Miroir" dans le N° 244 du magazine, interviewée par Claude Parmentier. Six pages consacrées à l'empailleuse de chaise qui rêve de devenir factrice pour pouvoir... s'entraîner l'après-midi. Quand on aime le vélo !

Josiane BOST face au MIROIR 1

Josiane BOST face au MIROIR 2 

Josiane BOST face au MIROIR 3

Je joins en prime un article paru en 2017 à l'occasion du 40ème anniversaire de son titre mondial dans le Journal du Centre :

40 ans après Josiane BOST dans le Journal du centre 

En 1985, Jeannie LONGO remportait son premier titre de championne du monde sur route. La championne française la plus titrée de l'histoire du sport récidiva en 1986, 1987, 1989 et 1995, ouf... Je ne vais pas énumérer ici tous ses titres, ce serait long...

Elle fut avec Josiane Bost, la seule femme à avoir un poster dans le Miroir du Cyclisme, elle en totalisa même trois.

A partir de 1985, elle collabora avec le magazine en publiant une rubrique mensuelle intitulée "Le carnet de Jeannie Longo". 

En 1990, une autre Française suppléa Jeannie Longo dans la conquête du titre mondial. Cathy Marsal domina le Mondial après avoir remporté le Tour de la CEE (qui remplaçait le Tour de France), le Tour de l'Aude et le Giro d'Italia. Elle fut une des grandes championnes cyclistes jusqu'au début des années 2000. Malheureusement Miroir du cyclisme ne publia jamais de poster de la championne.

Après la victoire de Jeannie Longo en 1995, il fallut attendre près de 20 ans pour voir Pauline Ferrand-Prévot devenir championne du monde sur route en 2014. Elle fut également championne du monde de cyclo-cross cette année-là avant de devenir plusieurs fois championne du monde de VTT.

Si je ne possède pas d'archive photographique concernant PFP, je suis parti à la recherche d'autres champions du monde français pour compléter cette "Petite expo".

Je ne pouvais pas louper Jean Robic, premier champion du monde de cyclo-cross en 1950.

En 1961, le Normand Jean Jourden remportait le championnat du monde des amateurs. Dans le N° 11 de Miroir du cyclisme de 1961, il pose en une avec Jacques Anquetil qui ne fut jamais champion du monde ! Présenté comme un potentiel successeur de Maître Jacques, Jourden, souvent malchanceux, ne réalisa pas la carrière qui lui semblait promise.

En 1965, le Breton Jacky Botherel devint champion du monde amateurs à son tour. Botherel fut le seul champion du monde que j'ai cotoyé dans les pelotons des courses "toutes catégories" que j'ai fréquentées dans les années 1980 sur les routes morbihannaises.  Il y a près de 40 ans...


Il me restait une place dans ma "Petite expo". J'ai choisi d'afficher ce poster du champion du monde 1985, Joop Zoetemelk. Le 20 septembre 2020, le plus Français des Hollandais a été accidenté sur les routes de Seine et Marne, où il réside depuis longtemps. Renversé par une voiture alors qu'il effectuait une sortie à vélo, le champion hollandais, âgé de 73 ans, a été victime de plusieurs fractures aux bras et à la jambe droite. J'espère qu'il pourra bientôt sillonner à nouveau les routes d'Ile de France.

HOMMAGE AU CHAMPION.

Commentaires

  1. Bonjour Jean-Pierre,
    C'est toujours sympa ces moments de nostalgie.
    Je garde un souvenir précis de la victoire "à la Fausto Coppi" de Jean Jourden, un Normand (!), à Berne, devant deux autres compatriotes Belena et Gestraud.
    Il me semble que tu as oublié Régis Ovion, originaire de l'Essonne.
    Bravo pour ton musée éphémère.
    Amicalement
    Jean-Michel

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  2. Merci Jean-Michel,
    Non non, je n'oublie pas Régis Ovion (qu'un copain d'enfance , originaire comme lui de Vigneux sur Seine surnommait "Ovion à réaction", mais je n'avais plus de place pour lui et surtout pas de poster de lui en Maillot arc-en-ciel. Alors une autre fois peut-être, en maillot Peugeot ou en maillot tricolore.
    Amitié.

    RépondreSupprimer

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